dimanche 12 novembre 2017

Interventions des organisations partenaires

Intervention  de Jean MIOSSEC au nom de la 4ACG

intervention de Jean MIOSSEC (4ACG)


La 4acg, l' Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre, a pour but, à partir du travail de mémoire sur la guerre d'Algérie, de témoigner et d'oeuvrer pour la paix. A cet effet, les membres de l'association financent des actions de solidarité en Algérie et dans les pays, comme la Palestine ou la Syrie, qui souffrent de la guerre.
La 4acg s'associe, comme les années précédentes, au combat mené par la Libre Pensée et les associations ici présentes, pour que la France réhabilite officiellement les fusillés pour l'exemple de la guerre 14-18.
Il ne suffit pas de dénoncer l'inhumanité de la guerre. Il nous faut ensemble agir pour la paix entre les nations. Nous nous réjouissons de l'adoption du Traité d'interdiction des armes nucléaires par les Nations Unies, à travers le vote de 122 Etats sur 192, le 7 juillet de cette année.(...) . Nous nous félicitons aussi de l'attribution du Prix Nobel de la Paix 2017 à la « Campagne Internationale pour l'Abolition des Armes Nucléaires », l'ICAN.
La France, malheureusement, n'avance pas dans ce sens. Le gouvernement se prépare à porter le budget annuel de défense de 32 à 42 milliards d'ici 2020. Il propose de doubler les dépenses pour les armes nucléaires : celles-ci passeraient de 3, 5 à 6 milliards par an d'ici 2020.
Nous demandons au gouvernement de réduire ces dépenses militaires et de ratifier dès maintenant le Traité d'interdiction des armes nucléaires. (...). La seule chose juste, c'est la paix ». Oeuvrons pour la paix, la fraternisation entre les peuples.


Intervention de Hervé COLIMARD pour
Fraternité Douarnenez

Une guerre qui ne dit pas son nom
 

Comme dans les vraies guerres, ce sont les civils qui paient le lourd tribut avec son cortège de morts, de drames, de souffrances…
Comme dans les vraies guerres, ce sont les pauvres, les plus démunis, les faibles qui frappent à nos portes pour nous demander aide et soutien et partager un peu de notre pain.
En son temps, l'état et le capital ont su organiser l'accueil des migrants pour les utiliser dans les mines de charbon, dans les usines de production automobiles, pour ramasser nos poubelles et construire nos maisons etc...
Souvenons nous de ces étrangers qui se sont battus pour nos libertés contre la barbarie de la bourgeoisie, du capital, du fascisme. Ils ont été des héros de la Commune de Paris, des milliers à être sacrifiés dans les tranchées de 14-18, d'autres ont eu leur nom placardé sur les murs de Paris sur l'affiche rouge. 
Ce sont les marchands de canons (la France est 4ème exportatrice d'armes au monde), c'est la famine et la misère extrême (faut-il rappeler ici les méfaits de l'exportation des poulets Doux en Afrique ?), c'est la cupidité du grand bourgeois capitaliste breton Vincent BOLORE qui poussent des populations entières sur les chemins de l'exil. 
 Aujourd'hui où l'état Français et l'Europe ont déclaré une guerre sans merci et non avouée mais bien réelle aux réfugiés, nous organisons la résistance pour accueillir dignement nos soeurs et nos frères étrangers. 
 "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage." Jean Jaurès


Lecture d'un texte de Jean Giono
"Refus d'obéissance"
par Daniel CARDUNER pour la CNT-29 
(Confédération Nationale du Travail)




« La guerre n'est pas une catastrophe, c'est un moyen de gouvernement. L'état capitaliste ne connaît pas les hommes qui cherchent ce que nous appelons le bonheur, les hommes dont le propre est d'être ce qu'ils sont, les hommes en chair et en os; il ne connaît qu'une matière première pour produire du capital.
Pour produire du capital, il a à certains moments, besoin de la guerre, comme un menuisier a besoin d'un rabot, il se sert de la guerre. L'enfant, les yeux bleus, la mère, le père, la joie, le bonheur, I' amour, la paix, l'ombre des arbres, la fraîcheur du vent, la course sautelante des eaux, il ne connaît pas. ( ... ) Il ne reconnaît pas dans son état, dans ses lois le droit de jouir des beautés du monde en liberté. Economiquement il ne peut le reconnaître . Il n'a de lois que pour le sang et pour l'or. Dans l'état capitaliste, ceux qui jouissent ne jouissent que de sang et d'or ( … ) L'état capitaliste nous cache gentiment le chemin de l'abattoir ( ... ) .
Nous savons donc maintenant très nettement de quoi il s'agit .L'état capitaliste a besoin de la guerre.C'est un de ses outils.On ne peut tuer la guerre sans tuer l'état capitaliste .... Il n' y a qu'un seul remède: notre force .Il n'y a qu'un seul moyen de l'utiliser: la révolte.
Je préfère vivre. Je préfère vivre et tuer la guerre, et tuer l'état capitaliste ( ... ) je ne veux pas me sacrifier. Je n'ai besoin du sacrifice de personne.
Je te reconnais, Deveudeux, qui as été tué à côté de moi devant la batterie de l'hôpital, en attaquant le fort de Vaux. Ne t'inquiète pas, je te vois. Ton front est là bas sur cette colline posé sur le feuillage des yeues, ta bouche est dans ce vallon. Ton oeil qui ne bouge plus se remplit de poussière dans les sables du torrent. Ton corps crevé, tes mains entortillées dans tes entrailles, est quelque part là bas sous l'ombre, comme sous la capote que nous avions jetée sur toi parce que tu étais trop terrible à voir et que nous étions obligés de rester près de toi, car la mitrailleuse égalisait le trou d'obus au ras des crêtes. ( ... )
Je te reconnais, Jolivet, qui as été tué à côté de moi devant la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Je ne te vois pas car ton visage a été d'un seul coup raboté, et j'avais des copeaux de ta chair sur mes mains, mais j'entends, de ta bouche inhumaine, ce gémissement qui se gonfle et puis se tait, ( ... ) 
Je ne peux pas oublier que vous avez été des hommes vivants et que vous êtes morts, qu'on vous a tués au grand moment où vous cherchiez votre bonheur, et qu'on vous a tués pour rien, qu'on vous a engagés par force et par mensonge dans des actions où votre intérêt n'était pas. Vous dont j'ai connu l'amitié, le rire et la joie. Je ne peux pas oublier que les dirigeants de la guerre ne vous considéraient que comme du matériel. Vous dont j'ai vu le sang, vous dont j'ai vu la pourriture, vous qui êtes devenus de la terre, vous qui êtes devenus des billets de banque dans la poche des capitalistes, je ne peux pas oublier la période de votre transformation où l'on vous a bâchés pour changer votre chair sereine en or et sang dont le régime avait besoin.   
Et vous avez gagné. Car vos visages sont dans toutes les brumes, vos voix dans toutes les saisons, vos gémissements dans toutes les nuits, vos corps gonflent la terre comme le corps des monstres gonfle la mer. Je ne peux pas oublier. Je ne peux pas pardonner. Votre présence farouche nous défend la pitié. Même pour nos amis, s'ils oublient (... )
Je refuse d'obéir. »
Jean Giono.
"Je ne peux pas oublier", extraits de Refus d'obéissance. Edition La Pléiade. La 1ère édition de Refus d'obéissance date de 1934.Giono est allé en prison (à Marseille) pour ce texte et pour son refus de partir à la guerre, en 1939.




Intervention de Hugo GRIMAL-PAOLI
 pour la Ligue des Droits de l'Homme (LDH-BMO)


"Le centenaire de la Grande Guerre doit, pour la Ligue des droits de l’Homme, être l’occasion de réintégrer pleinement dans la mémoire nationale les fusillés pour l’exemple, les mutins de 1917, les volontaires étrangers engagés dans l’armée française et les soldats originaires des colonies.
Dans le prolongement de l’affaire Dreyfus, la LDH a, dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, dénoncé les injustices commises par les tribunaux militaires et obtenu la réhabilitation d’un certain nombre de fusillés pour l’exemple.
La LDH demande au président de la République, Emmanuel Macron, de marquer ce centenaire par un acte fort vis-à-vis de tous ceux qui n’ont pas encore été réhabilités, qui ont été victimes d’ordres arbitraires et injustes alors qu’ils voulaient, comme l’avait demandé Jaurès, être traités comme des citoyens sous l’uniforme. Leurs noms doivent être tous transcrits sur les monuments aux morts, leurs sépultures doivent être identifiées et dignement traitées, le transfert de leurs restes dans les communes dont ils étaient originaires doit contribuer à leur rendre justice.
L’intelligence et la vertu abhorrent la guerre, à nous de construire la paix et de la garantir.
Liberté, Égalité, Fraternité, Justice et Paix !"